
Le Nutri-Score, ce système d’étiquetage nutritionnel devenu incontournable sur de nombreux produits alimentaires, fait débat, notamment dans le secteur de la charcuterie. Ce label, censé guider les consommateurs vers des choix alimentaires plus équilibrés, rencontre parfois des résistances de la part des producteurs, notamment ceux de la charcuterie. Mais pourquoi une telle réaction et quelle place ce système pourrait-il vraiment avoir dans ce secteur particulier ?
Qu’est-ce que le Nutri-Score ?
Le Nutri-Score est un système d’étiquetage nutritionnel qui attribue une note de A à E à un produit alimentaire, en fonction de sa composition. Plus le produit est équilibré d’un point de vue nutritionnel (faible en calories, en graisses saturées et en sel, riche en fruits, légumes et fibres), plus sa note sera favorable. Le Nutri-Score a pour objectif de simplifier l’information nutritionnelle pour le consommateur, afin de l’aider à faire des choix alimentaires plus sains.
L’impact du Nutri-Score sur l’industrie de la charcuterie
Dans l’industrie de la charcuterie, le Nutri-Score est un sujet délicat. En effet, la plupart des produits de charcuterie, en raison de leur teneur élevée en sel, en graisses saturées et parfois en conservateurs, se voient attribuer des notes plutôt médiocres, souvent autour de C, D, voire E. Ce classement est loin de faire l’unanimité parmi les producteurs, qui estiment qu’il ne reflète pas toujours de manière juste la qualité de leurs produits.
Les défis spécifiques de la charcuterie
Les produits de charcuterie, comme les saucisses, jambons ou pâtés, sont souvent perçus comme moins sains en raison de leur teneur en matières grasses et en sel. Cependant, nombreux sont les producteurs qui misent sur la qualité de leurs ingrédients, la réduction du sel ou l’absence de conservateurs artificiels, afin de proposer des produits plus sains. Ils soutiennent que le Nutri-Score ne prend pas toujours en compte ces efforts, notamment dans le cas des produits traditionnels ou artisanaux, qui peuvent avoir une composition plus naturelle mais qui obtiennent tout de même des notes faibles à cause de certains critères (comme la teneur en sel).


Une demande de révision du système
Face à ce constat, plusieurs représentants de l’industrie de la charcuterie ont demandé une révision du système Nutri-Score, en particulier concernant la manière dont sont évalués les produits de charcuterie. Ces acteurs plaident pour un ajustement des critères afin que des produits moins transformés, ou ceux qui respectent des procédés artisanaux et traditionnels, bénéficient d’une meilleure évaluation. Ils proposent, par exemple, d’intégrer des facteurs comme la provenance des ingrédients, le type de traitement ou la méthode de fabrication dans l’évaluation nutritionnelle.
L’équilibre entre tradition et santé
L’enjeu pour l’industrie de la charcuterie réside dans la conciliation entre le respect des traditions artisanales et l’évolution vers des produits plus sains, conformes aux attentes des consommateurs modernes. La charcuterie, en tant que secteur très ancré dans les habitudes alimentaires, doit aussi évoluer face à une prise de conscience générale des enjeux de santé publique. Le Nutri-Score pourrait, dans cette optique, devenir un levier pour encourager les producteurs à réduire leur consommation de sel et à diversifier leurs recettes pour répondre aux attentes en matière de santé.
Le Nutri-Score : un outil de transparence et d’évolution ?
Certains défenseurs du Nutri-Score estiment qu’il est essentiel pour l’industrie de s’adapter à cette nouvelle norme, même si elle semble contraignante pour certains produits. Pour ces partisans, le système ne vise pas à disqualifier des produits comme la charcuterie, mais plutôt à encourager la transparence et à pousser les producteurs à améliorer leurs formulations, notamment en réduisant les niveaux de sel et de graisses saturées. De plus, certains producteurs réagissent positivement à l’étiquetage Nutri-Score, le voyant comme une occasion de mettre en avant leurs produits les plus sains. En réformant les recettes et en mettant l’accent sur des ingrédients de qualité, ces derniers espèrent améliorer leur note et répondre aux préoccupations des consommateurs soucieux de leur santé.
Le débat autour du Nutri-Score dans l’industrie de la charcuterie soulève des questions complexes, entre tradition, santé et transparence. Bien que le système puisse présenter des limites, notamment dans son application à certains produits de charcuterie, il ouvre également la voie à une évolution des pratiques dans le secteur. La clé réside probablement dans la capacité de l’industrie à s’adapter aux nouvelles attentes des consommateurs tout en préservant la qualité et la diversité des produits traditionnels. Le Nutri-Score n’est pas une fin en soi, mais un indicateur qui pourrait bien aider à repenser l’avenir de la charcuterie, en favorisant une approche plus équilibrée entre le goût, la tradition et la santé publique